Retour à Albarracin : quinze jours avec la smala

 


    Avant de reprendre dans un prochain article le fil des pérégrinations verticales qui ont suivi notre retour sur le continent, nous vous invitons à un saut temporel en images dans le nord de l’Espagne, à Albarracin plus exactement, haut-lieu du bloc où nous avions passé quelques jours (trop) torrides il y a plusieurs mois de ça et où nous avions en tête de retrouver la petite troupe avec laquelle nous avons depuis quelques années l’habitude de partager deux semaines d’escalade et de franche rigolade à cette période.

    En rade depuis un peu plus de 24h sur le béton du garage local pour un sérieux soucis d’injecteurs, c’est avec un mélange de joie et de soulagement que nous accueillons Jeff et son fidèle Transporter, premier arrivé de la bande en cette terre bénie de tous les amateurs de grès. Suivront le soir même l’inénarrable trio de niçois puis, quelques jours plus tard, les vosgiens d’adoption Benoît et Philippe, ainsi que Cédric, aka le sherpa blanc, dont les racines alsaciennes, enchevêtrées avec la végétation indigène d’une vingtaine de départements, seraient un lointain souvenir n’étaient les traits et le gabarit du garçon. Neuf en tout donc, neuf individus au caractère bien trempé mais partageant tous un goût prononcé pour le rocher, la bière, la bonne bouffe et le second degré. Si satisfaire les envies de chacun au sujet des trois derniers points fût comme on l’imagine chose facile, les conditions météorologiques régnant sur la sierra d’Albarracin ont pour partie bridé la fièvre initiale pour le premier. Marqués par une vague de froid éprouvante même pour les plus boréaux d’entre nous les premiers jours furent consacrés à la recherche des rares blocs épargnés par la neige et protégés du vent glacial plutôt qu’à ceux repérés pour leur beauté et/ou leur difficulté dans nos topos. 

le lendemain de la vague de froid

la smala réunie sous l'un des rares passages épargnés par la neige

des conditions pour le moins "vosgiennes"

    En contrepartie de cette ambiance sibérienne la forêt fut à nous seuls ou presque, une situation dont nous n’apprécierons le privilège qu’a posteriori, une fois les parkings bondés et les blocs pris à nouveau d’assauts sans ménagement ni pour l'environnement ni parfois pour les autres usagers.

    Activité dans le vent des cités, le bloc en extérieur n’échappe désormais plus à ce consumérisme de masse qui y trouve non plus seulement les valeurs qui ont présidé à sa naissance (dépense énergétique gratuite, maîtrise de soi, ludisme, immersion dans la nature…) mais un moyen inédit d’afficher sa coolitude, son corps sculpté et ses fringues estampillés de logos, un geste ostentatoire sans bien sûr plus aucun rapport ni respect pour les lieux où il se pratique. D’où cette impression d’assister à un défilé de mode ou de se trouver dans un magazine branché, d’où ces rochers maquillés de bas en haut de traces de magnésie négligemment laissées après le départ des grimpeurs, d’où cette absence de respect des codes les plus élémentaires de la politesse (attendre son tour, se parer mutuellement…), d’où notre exaspération parfois face à ces comportements déplacés, et notre choix enfin de terminer le séjour à Bezas, un site situé à quelques pas de là sur la même veine de grès. 

aperçu de l'ampleur du carnage généré par l'abus de magnésie

l'atmosphère plus bucolique de Bezas

    N’ayant pas encore fait la une des réseaux et des sites spécialisés, le secteur de Bezas échappe pour l’heure à cette massification et offre un cadre autrement plus sauvage et des blocs nettement moins défigurés qui pour la plupart n'ont du reste rien à envier à ceux d'Albarracin. C’est sous la houlette de Marc, français vivant la bohème dans le coin chaque hiver depuis une dizaine d’années, que nous découvrirons ces lieux préservés et nous régalerons du grain impeccable des passages ouverts en partie par ses soins.

Marc, maître d'œuvre d'une partie des passages découverts et brossés à Bezas

Julie dans un très beau mur en 7A brossé quelques minutes plus tôt par Fefe

    Ainsi s’achèvera cette quinzaine passée sous le signe du partage et de la bonne humeur, un voyage dans le voyage, inévitablement trop court, et dont le souvenir bercera les kilomètres qui nous séparent de Barcelone, port de départ pour la Sardaigne, prochain point de chute sur la carte.


Les membres de la petite tribu

Jeff, alias Fefe

Lucas

Antoine

Gilles, alias Don Gill

Philippe, alias Felipe

Benoît, alias Ben

Cédric, le sherpa blanc

Julie

Gautier


Différentes textures du grès espagnol





Quelques passages à Albarracin

Antoine dans le réta annotin d'un 7A+ du secteur Tierra Media

Lucas dans Brainstorm, highball en 7B+ incontournable

Felipe dans La Lagrima, 6C mythique des lieux, victime de son succès

Don Gill à Tierra Media

le secteur historique d'Arrastradero

Antoine à l'échauffement à Tierra Media

Felipe dans un highball en 6A+

Ben dans un sublime panneau à réglettes à Entre Aguas

7A à la Loma de la Tereja

Gautier au secteur la Fuente, 7B+

Valle de la Madera

Felipe s'essaie à un 6B à Arrastradero

même secteur, 7A+ pour Ben

Loma de la Tereja

Don Gill met à l'épreuve ses séries de traction dans un 6B athlétique

le 7B+ d'Aben Razin, bloc emblématique des lieux

Brainstorm sous la neige

enfin quelques degrés de plus

Julie dans le 7B de Placa chocolate, l'une des plus belles réalisations du séjour

Antoine tombe lui aussi le T-shirt dans ce 7A de Tierra Media



Tronches







Quelques passages à Bezas

highball en 6A pour Julie

David, local s'essaie à un 7B+ redécouvert par Marc

Cédric dans Una noche en Bezas, 7A aussi beau qu'atypique

Antoine en boîte dans El enano amarillo, 7A+

Lucas engage dans un 7A 

talons et contre-pointe pour ce 7A+

le panneau coupé au couteau de Una noche en Bezas

Julie sur les plats del Jardinero del liquen, 7A

croisé dans un 7A majeur ouvert par Marc

 premier mouvement de Una noche en Bezas


Atmosphères

lumières vespérales au pied de Aben Razin


le sous-bois de Arrastradero

sac à magnésie, à utiliser avec parcimonie

Julie repère la sortie d'un highball en 7A

cairn

sur le plateau de Arrastradero

tranchée romaine

Don Gill fait de l'ombre pour son fils

échauffement collectif

Fefe peaufine le brossage de la sortie du Varano, 7B mythique

l'un des nombreux murets d'anciennes parcelles agricoles à Bezas

autres vestiges

dernier coup d'œil sur le grès avant le calcaire sarde



Commentaires

  1. Complètement impressionné par vos performances, Julie. Quand vous reviendrez, vous allez accéder à Baron Louis par la façade !!! Bonne suite de vadrouille. Le vieux chef des Hautes Vosges

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  2. Vieux chef des Hautes Vosges...de retour de Cuba !!!

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