SEMAINES 1/2/3 : LA TOURNEE DES PROCHES

 

 

    En deux semaines notre bolide a avalé déjà nombre de kilomètres et traversé autant de paysages et tous ou presque portaient les stigmates de la canicule, paysages désolés, comme chauffés à blanc par un feu nucléaire. Des Hautes-Alpes aux Pyrénées, en passant par les Alpes de Hautes-Provence puis l’Ardèche, seules les Cévennes semblent avoir été plus ou moins épargnées par le phénomène. Là où le soleil griffe le plus fort, la population, mélange de locaux et de touristes en cette saison, se replie en masse vers les puits de fraîcheur que sont les alpages, les forêts denses, les gorges, canyons et autres lits de rivière, les faces nord, tous les points d'eau, tous les coins d'ombre. 

 


    La montagne est devenu un environnement couru, recommandé par les médecins et valorisé par les marques, elles-mêmes se valorisant réciproquement bien entendu. Son image répondant désormais aux codes du consumérisme le plus avancé la voilà devenu terrain où étaler les signes extérieurs de sa richesse ou de ses formes impeccables. Les plus âgés d'entre nous se souviennent alors avec un mélange de nostalgie et d'amertume des principes d'émancipation, de dénuement et de liberté qui ont longtemps présidé à la pratique du sauvage.  

    Il nous faut ainsi nous déplacer jusqu'à 2600m d'altitude pour enfin goûter au repos. L'heure de marche d'approche nécessaire pour rallier le site de bloc de la Roche Moutche fait le tri. Nous sommes huit en ce samedi d'août caniculaire, minuscules au milieu de ce chaos de granite vaste comme une petite ville. 

 



 

    L'heure de marche d'approche crashpad sur le dos vaut mille fois la peine. Nous n'avons malheureusement que le temps d'entrevoir l'ampleur des lieux et de deviner leurs potentialités si nous voulons tenir notre feuille de route, Ailefroide comme prochaine étape.

    Ailefroide et ses files - sur la route, à l'entrée du camping, des magasins, des restaurants, à la douche, au pied des blocs et des voies, sur les sentiers - Ailefroide dans la foulée de ce perchoir épargné des start-ups a tout de la dystopie. Le fait de ne pas être là pour Ailefroide mais pour les amis expatriés dans le coin nous sauve heureusement de la suffocation. Quelques bouffes en bonne compagnie plus tard nous laissons filer les Hautes-Alpes dans notre rétroviseur. Dans un si petit espace que le camion, les habitudes s'installent rapidement, les places et les rôles se répartissent naturellement. Les objets du quotidien trouvent leur juste place. Hormis quelques détails liés au rangement, les choix opérés dans l'aménagement tiennent pour l'heure leurs promesses. Et quel saut sur l'échelle du confort en camping ! 

 


    La suite de notre visite aux proches éparpillés sur le territoire nous mène à Annot où nous retrouvons les plaisirs du grès sur un secteur fraîchement mis à jour, d'une beauté plastique remarquable. 

 



    Puis en Ardèche, épicentre du tourisme hexagonal, sublime région du reste qu'homo sapiens avait déjà élu comme haut-lieu poético-religieux de son mode de vie il y a 31000 ans. Le mariage vieux de plusieurs millions d'années de l'eau et de cette roche particulièrement malléable qu'est le calcaire a produit un paysage sinueux, plissé, troué de toutes parts de cavités, maillé d'ombres, qui offrait et offre encore un cadre de vie enchanteur.

 




    Ceux qui s'entassent aujourd'hui sur les bords et dans ces rivières ne cherchent-ils pas un petit quelque chose, un ersatz de ce à quoi aspiraient ces grands ancêtres en se réunissant et en peignant ici ?

 

     

    Voilà maintenant quelques jours que nous avons posé le camion chez la sœur de Julie dans les Hautes-Pyrénées, l'occasion de réaliser un dernier point matériel et de procéder à de petites améliorations, mais surtout de nous reposer après ces quelques mois vertigineux, avant le véritable départ, l'entrée en Espagne, depuis laquelle nous donnerons sans doute les prochaines nouvelles. 

    D'ici là on souhaite une belle fin d'été à tous. 

 


    A bientôt



Commentaires

  1. Hé bé, un bon début qui annonce que du bon pour la suite !
    Aïe, j'imagine la frustration d'arriver sur un spot sauvage envahi par l'espèce Touristus de massus. Ce n'est pas la schizophrénie des politiques qui va nous arranger (Un jour : "il faut protéger nos espaces naturels fragilisés par l'homme" et puis la semaine suivante : "Venez nombreux visiter notre belle région, on vous a concocté plein d'activités différentes et variées à faire !"). Bref passons sur les points négatifs et restons positifs, je vois que vous avez déjà bien profité et que ça augure de belles expériences pour la suite, alors bonne continuation et bon voyage ! On pense à vous.
    Fifoun.
    PS : existe-t-il un moyen pour être notifié lorsque vous postez un nouvel article ? Sinon je crois que je vais louper des trucs ^^.

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